Frais de notaire au Maroc : calcul, répartition et conseils pratiques

Frais de notaire au Maroc : calcul, répartition et conseils pratiques

Les frais de notaire sont un passage obligé de toute transaction immobilière au Maroc. Ils couvrent à la fois la sécurisation juridique de l’opération (contrôles, rédaction des actes) et le recouvrement des droits et taxes dus à l’État. Ce guide vous explique ce que comprennent réellement ces frais, comment les estimer, les différences avec la France, les particularités des biens melkia, et les documents à prévoir pour gagner du temps.

1) Le rôle du notaire : sécurité juridique et fiscale

  • Vérifications juridiques : chaîne de propriété, charges et hypothèques, urbanisme, sécurité des signatures.
  • Rédaction et authentification : compromis/acte définitif, publicité foncière et formalités.
  • Recouvrement des droits & taxes : perception et reversement pour le compte de l’État.

Références utiles : Ministère de la JusticeANCFCC (Conservation foncière)Direction Générale des Impôts.

2) De quoi se composent les « frais de notaire » ?

On parle de « frais de notaire » par facilité, mais ils regroupent plusieurs postes distincts :

  • Droits d’enregistrement (perçus pour l’État) : pour la majorité des ventes d’immeubles bâtis, un taux proportionnel s’applique sur le prix déclaré (le taux usuel de référence est de 4% pour de nombreux cas de vente d’immeuble bâti, hors cas particuliers ou dispositifs spécifiques).
  • Frais de conservation foncière (ANCFCC) : inscription/transfert au titre foncier, émoluments et timbres liés à la publicité foncière (il existe souvent une part proportionnelle autour de 1% + émoluments fixes, selon la nature de l’acte et barèmes en vigueur).
  • Honoraires du notaire : barème progressif appliqué sur la valeur du bien (en pratique, on observe fréquemment un ordre de grandeur autour de 1% ±, auquel s’ajoute la TVA au taux en vigueur sur les honoraires).
  • Débours et frais administratifs : timbres, copies authentiques, demandes d’informations, certificats, notifications, etc. (généralement quelques centaines de dirhams à quelques milliers selon le dossier).
  • Le cas échéant : inscription d’hypothèque (si financement bancaire) : droits et frais spécifiques liés à la garantie hypothécaire (souvent proportionnels avec un coût qui peut représenter environ 1% à 1,5% du montant garanti + frais fixes).

Important : les taux ci-dessus sont des ordres de grandeur communément rencontrés. Ils peuvent varier selon la nature du bien, le type d’acte, des exonérations, ou des évolutions réglementaires. Pour un chiffrage exact et à jour, référez-vous aux textes et barèmes publiés par la DGI et l’ANCFCC, et aux indications de votre notaire.

3) Simulation indicative (à adapter à votre cas)

Pour un appartement acquis à 1 000 000 MAD au comptant (hors crédit) :

  • Droits d’enregistrement (référence fréquente 4%) : ~ 40 000 MAD
  • Conservation foncière (référence fréquente 1% + émoluments) : ~ 10 000 MAD (+ frais fixes)
  • Honoraires du notaire (ordre de grandeur 1%) : ~ 10 000 MAD + TVA sur honoraires
  • Débours / timbres / copies : ~ 1 000 à 3 000 MAD

Total indicatif : ≈ 61 000 à 63 000 MAD (hors TVA sur honoraires et frais fixes exacts).
Si vous financez par crédit avec hypothèque, ajoutez les frais/ droits d’inscription hypothécaire (proportionnels) + frais d’évaluation éventuels.

4) Maroc vs France : quelles différences majeures ?

  • En France, la part « impôts et taxes » (droits de mutation) pèse très lourd dans les « frais de notaire » (souvent 7–8% dans l’ancien). Les honoraires du notaire sont encadrés et proportionnellement plus faibles à haut prix.
  • Au Maroc, le schéma est différent : droits d’enregistrement (référence fréquente 4% pour beaucoup de ventes bâties), conservation foncière (proportionnel + fixes), et honoraires progressifs du notaire (autour de 1% en pratique), avec TVA sur ces honoraires.
  • Au global, le niveau de frais au Maroc est souvent compétitif, mais il varie selon le type d’acte, le bien, la région et les garanties prises.

5) Cas particuliers : biens non titrés (melkia), étrangers, programmes neufs

  • Biens melkia (non titrés) : opérations plus complexes (vérification des ayants droit, régularisations). Les banques financent rarement avant titrage. Une conversion en titre foncier entraîne des frais et délais supplémentaires (ANCFCC).
  • Étrangers et MRE : même trame de frais, mais exigence accrue de traçabilité des fonds, traductions assermentées possibles, et parfois des délais administratifs supérieurs.
  • Programmes neufs : contrat de réservation et échelonnement ; frais classiques au transfert de propriété, avec spécificités selon le montage (VEFA, garanties promoteur, etc.).

6) Qui paie quoi ?

  • Acheteur : assume classiquement droits d’enregistrement, conservation foncière, honoraires et débours liés à l’acte d’achat ; frais d’hypothèque si crédit.
  • Vendeur : fournit les pièces (titre, situation fiscale, mainlevées le cas échéant) et supporte les frais liés à la mise en état de vendre (ex. levée d’hypothèque éventuelle, documents manquants).

7) Documents à prévoir

Pour l’acheteur

  • Pièce d’identité (CIN/passeport) et coordonnées bancaires (RIB) ;
  • Contrat/promesse de vente, prix et modalités de paiement ;
  • Si crédit : offre de prêt, garanties ;
  • Le cas échéant : autorisations spécifiques (profil étranger, zone particulière).

Pour le vendeur

  • Titre de propriété (ou dossier de régularisation si melkia) ;
  • Certificats fiscaux/attestations exigés par la loi ;
  • Éventuelles mainlevées (hypothèque, privilèges) ;
  • Derniers justificatifs de charges/taxes (selon cas).

8) Conseils pour réduire les coûts et gagner du temps

  • Anticiper : réunir tôt les pièces (titre, plan cadastral, certificats). Voir ANCFCC pour les démarches foncières.
  • Conformité du bien : vérifier urbanisme, autorisations, absence d’oppositions (gain de délais et d’honoraires supplémentaires).
  • Éviter les sous-estimations du prix dans l’acte : exposition à redressement et pénalités (voir DGI).
  • Crédit : comparer le TAEG (taux + frais + assurance) et intégrer le coût de l’hypothèque dans le budget global.
  • Choisir un notaire expérimenté sur la zone : il connaît les usages locaux et accélère les formalités.

9) Foire aux questions (express)

  • Quel pourcentage prévoir ? Comptez plusieurs pourcents du prix de vente. En pratique, beaucoup de dossiers habitat se situent autour de 5%–7% en cumul (droits + conservation + honoraires + débours), hors cas particuliers et hors hypothèque. Demandez un décompte prévisionnel à votre notaire.
  • Quand payer ? Principalement à la signature de l’acte définitif (avec provisions possibles en amont pour lancer certaines démarches).
  • Les taux changent-ils ? Les textes fiscaux et barèmes peuvent évoluer. Vérifiez toujours les montants à la date de votre acte sur tax.gov.ma et auprès de l’ANCFCC.

10) Références officielles

Ministère de la JusticeANCFCCDirection Générale des Impôts

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